Print Friendly, PDF & Email

Dans le contexte des crises multiples que nous vivons, l’élection d’un·e nouveau·elle Président·e de la République est un acte fort, qui engage les politiques publiques pour les cinq prochaines années. Dans la perspective de cette échéance toute proche, voici donc un comparatif de la partie relative au soutien des publics en situation de pauvreté et de précarité du programme de chaque candidat·e.

Pour cela, nous avons passé les programmes au crible au regard des propositions de notre Collectif (voir notre manifeste), selon les 5 leviers suivants d’amélioration de la protection des plus pauvres :

  • La suppression des contreparties de recherche d’emploi actuellement imposées aux allocataires ;
  • L’augmentation du montant du RSA au niveau du seuil de pauvreté (50 % du revenu médian) ;
  • L’élargissement du RSA aux jeunes de 18 à 25 ans ;
  • L’automatisation du versement du RSA ;
  • L’individualisation des minima sociaux.

Nb : le principe de préférence nationale étant incompatible avec les valeurs défendues par notre collectif, nous avons fait le choix de ne pas intégrer à cette analyse les programmes des candidat·es d’extrême droite.

Jean-Luc Mélenchon

Jean-Luc Mélenchon souhaite créer une « Garantie d’autonomie », qui « complète les revenus de chacune et chacun pour permettre à toute personne résidant en France dont les revenus sont inférieurs au seuil de pauvreté d’arriver à ce niveau de revenus, soit 1 063 € pour une personne seule. »

Cette garantie d’autonomie vient en complément des minima sociaux actuels inférieurs au seuil de pauvreté. Le candidat prévoit que celle-ci soit revalorisée chaque année au montant du seuil de pauvreté publié par l’Insee.

La « garantie d’autonomie », serait accessible dès 18 ans pour les personnes indépendantes fiscalement et dès 16 ans pour les élèves de l’enseignement professionnel.

Le versement de la garantie d’autonomie se fait sans contrepartie  : les collectivités locales et organismes sociaux ne pourraient plus suspendre des aides sociales. Le versement du montant de l’allocation se ferait de manière automatique.

Après une période de transition, à l’horizon 2023, la garantie d’autonomie vient remplacer le RSA et son versement est confié à l’État (demande des départements).

En complément, le candidat prévoit de renforcer considérablement les moyens dédiés à l’accompagnement social ainsi que l’instauration de nouveaux espaces de gratuité (eau, électricité, nourriture, internet, etc.) en « organisant leur gestion collective » pour que chacune et chacun puisse subvenir à ses besoins essentiels.

Yannick Jadot

Yannick Jadot propose la création d’un « revenu citoyen pour lutter contre la pauvreté et favoriser l’émancipation de notre jeunesse […] qui sera versé automatiquement à partir de 18 ans et garantira que personne ne vive avec moins de 918 € mensuels grâce à un revenu de base relevé à 740 €, cumulé avec les allocations logements et la prime d’activité ».

 Ce revenu ne présente pas de contrepartie, il peut être versé à partir de 18 ans à toutes les personnes détachées fiscalement de leurs parents. Son versement est automatique, afin de lutter contre le non recours.

Si ces éléments représentent des avancées pour mieux protéger les personnes en situation de pauvreté, il est cependant regrettable de lier le RSA  relevé de 560 € à 740 € (670 € en déduisant le forfait logement) et les aides au logement (APL) dont le montant moyen est proche de 250 € / mois.

Emmanuel Macron

Le candidat Emmanuel Macron a lancé sa campagne électorale en s’appuyant sur des annonces chocs autour du RSA et sa logique de : « droits et devoirs renforcés ».Pour cela, il vise à conditionner le RSA à un minimum d’activité de 15 ou 20 heures et – en même temps – réduire la pauvreté en versant automatiquement les aides (prime d’activité, allocations familiales, APL et RSA) à ceux qui y ont droit, pour éviter le non-recours et la fraude. 
Aucune annonce n’a été prononcée concernant le montant du minimum social. 

Par ailleurs, concernant l’individualisation des minima sociaux, il souffre de notre pire appréciation, car s’il n’en est pas question à travers son projet de revenu universel d’activité (RUA), son exécutif et sa majorité parlementaire se sont fermement opposés à la déconjugalisation de l’Allocation adulte handicapé (AAH) durant les 5 années du mandat.
Le candidat actuel recueille ainsi la plus mauvaise note de notre analyse, à égalité avec la candidate du parti Les Républicains.

Valérie Pécresse

Surfant sur le mythe de l’assistanat, la candidate Les Républicains Valérie Pécresse affirme sa volonté de « faire en sorte que le travail paye plus que l’assistance » et prévoit d’instaurer une obligation de 15 heures d’activités par semaine pour tout bénéficiaire du RSA ». Loin de renforcer le RSA, elle prévoit donc de fragiliser son obtention par un versement conditionné à du travail “forcé”.

Nathalie Arthaud

Nathalie Arthaud prévoit une augmentation générale et massive des salaires, allocations et pensions, avec un minimum de 2 000 € net ainsi qu’une indexation des revenus des travailleurs sur l’augmentation des prix.

Anne Hidalgo

La candidate socialiste, Anne Hidalgo, ne prévoit quant à elle pas de disposition spécifique quant au dispositif actuel du RSA mais a intégré à son programme un  « minimum jeunesse » qui serait ouvert à tous les jeunes de plus de 18 ans, sous condition de ressources, comme c’est le cas dans 23 des 27 pays de l’Union européenne. Ce nouveau dispositif serait assorti d’un « accompagnement garanti vers l’emploi, la qualification et l’autonomie ». En sus, une dotation en capital de 5 000 € sera attribuée à chaque jeune à ses 18 ans « pour lui permettre de financer ses projets professionnels et personnels ».

Jean Lassalle

Jean Lassalle souhaite étendre le dispositif du RSA actuel aux jeunes sur critères de revenus et/ou sous condition de formation. Il n’a pas précisé d’autres ambitions concernant ce dispositif.

Philippe Poutou

Pour le candidat du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Philippe Poutou « il y a urgence à augmenter tous les revenus et minima sociaux de 400 € net. 1 800 € net, c’est le minimum pour vivre correctement dans les conditions actuelles d’organisation de la société, ce minimum doit être garanti à toutes et tous, jeune ou à la retraite, actif ou privé d’emploi, personne valide ou en situation de handicap ».

« Les jeunes figurent parmi les premières victimes de la crise sanitaire. Face à cette situation désastreuse, nous revendiquons une allocation d’autonomie pour touTEs les jeunes de 16 à 25 ans à hauteur du SMIC pour permettre à tous et toutes de vivre et se former librement. »

Fabien Roussel

Fabien Roussel, souhaite instaurer un revenu fixé à 850 € / mois, pour tous les étudiant⋅es. Il précise ensuite ses objectifs : « mettre fin au salariat étudiant, qui représente la première cause d’échec à l’université. Cette mesure permettra de décharger le financement des études par les familles, au profit d’un financement mutualisé à l’échelle de la collectivité, sur le principe de la cotisation qui finance déjà notre protection sociale. » Ce revenu sera financé pour moitié par une nouvelle cotisation sociale, et pour moitié par l’État. Cette nouvelle prestation pourra être modulée à la hausse pour les jeunes des milieux les plus modestes.

Concernant le RSA, il propose de l’ouvrir aux moins de 25 ans, tout en précisant que « ce dispositif aura vocation à s’éteindre progressivement avec la mise en place du service public de l’emploi et de la formation, garantissant à chaque jeune un emploi et un contrat stable, une fois sa formation initiale achevée. »