QUI SOMMES-NOUS ?

Militants et militantes associatifs depuis plusieurs années, ayant notamment défendu l’idée d’un revenu de base, inconditionnel d’autonomie, nous avons décidé de créer un espace d’échange et de débats pour développer et favoriser des réflexions orientées vers l’action, en faveur d’un droit au revenu, visant l’autonomie individuelle et l’émancipation collective. Il s’agira ainsi de penser des enjeux de précarité et d’exclusion, mais également d’interroger le rapport au travail, à l’emploi – entre autres – dans une optique de lutte contre toutes les formes de dominations sociales et écologiques (conjugales, familiales, salariales, environnementales).

Pour reprendre les termes de Cornelius Castoriadis, nous souhaitons réfléchir aux germes d’un projet d’autonomie. Considérant l’ordre institué et l’emprise sur nos imaginaires sociaux et politiques d’un capitalisme néolibéral qui érige en lois quasi-naturelles la concurrence de chacun·e avec chacun·e, il s’agit d’agir dans le sens d’une déconstruction-reconstruction d’un imaginaire social orienté vers l’autonomie. 

L’autonomie, comme principe politique, signifie une capacité individuelle et collective à s’auto-instituer, c’est à dire à fixer soi-même ses propres lois. Cela implique une vision de l’histoire comme étant en construction permanente, le refus d’un quelconque ordre social comme chose immuable. Ainsi, notre objectif politique consiste à bâtir des ponts entre des traditions orientées vers l’autonomie qui se fixent pour objectif de rompre avec l’ordre institué capitaliste, cadre-imaginaire de l’hétéronomie [1] de notre temps. Il s’agit de créer les conditions de chemins qui, par et pour l’autonomie, dans leurs diversités permettraient d’avancer dans le sens de sociétés plus justes, libérées des dominations, où l’émancipation individuelle ne prend de sens que dans son pendant collectif.

Parmi ces grands axes, nous souhaitons envisager le sujet du droit au revenu comme un droit à la vie libre et autonome, et qui par conséquent n’est pas compatible avec le système capitaliste dominant dans lequel nous vivons, mais s’inscrivant dans un horizon  post-capitaliste plus solidaire.

Connaissant l’évolution progressive qu’a traversé le revenu de base dans l’imaginaire collectif et dans le débat public, une idée encore taxée d’irréaliste il y a peu de temps et bien souvent rejetée d’un revers de la main sur le ton de la dérision ou de l’opposition formelle, nous savons qu’il est possible de faire passer une idée considérée comme utopique à une mesure concrètement réalisable, désormais sérieusement débattue dans les champs politique et médiatique. 

Nous sommes par ailleurs conscient⋅es que derrière le flou qui consiste à rassembler des propositions parfois radicalement différentes sous un terme générique “revenu de base”, se cache parfois un loup. C’est le cas de projets qui s’adapteraient sans peine à l’ordre social-historique présent, voire qui consisteraient à le perpétuer.

Loin d’une posture “ni de droite, ni de gauche” qui porterait en elle le risque d’un statu-quo et qui inviterait à tout changer, pour que rien ne change, nous souhaitons faire émerger un espace de réflexions et de débats plus large autour du droit au revenu pour penser et construire un horizon émancipateur et ancrer la revendication de ce droit de manière véritablement collective. Toutefois, il ne s’agira pas de porter nos réflexions uniquement sous le prisme du revenu, car la focalisation sur cette seule question enfermerait les débats et présenterait un angle de réflexion trop réducteur. 

Enfin, envisager et dessiner des horizons utopiques ne doit surtout pas limiter l’action politique ici et maintenant. De nos luttes présentes dépendent également les conditions de notre autonomie future. C’est la raison pour laquelle nous défendrons les propositions permettant de cheminer vers cet idéal d’autonomie, représentant des jalons nécessaires à la consolidation du système de protection sociale existant. Par exemple, la mise en place d’un revenu minimum garanti assurant les moyens d’existence des personnes, une inconditionnalité et une automatisation du versement des minima sociaux, ou encore l’élargissement de l’actuel RSA aux 18-25 ans, nous semblent être des mesures aujourd’hui urgentes à mettre en place.

La nécessité de dépasser une ligne politique réformiste pour assumer une posture utopique révolutionnaire permettra de réfléchir à des alternatives au système actuel, qui n’existent pas encore, mais qu’il est urgent de commencer à construire.


[1] : Fait d’être influencé par des facteurs extérieurs, d’être soumis à des lois ou des règles dépendant d’une entité extérieure (CNRTL)

LES MEMBRES DU COLLECTIF POUR UN DROIT AU REVENU

Elena Ambühl

Militante pour un revenu de base inconditionnel, spécialisée sur les enjeux relatifs à la transition (agro)écologique, aux communs et au municipalisme

Pierre Déjacque

Initiateur de la mission d’information sénatoriale « Le revenu de base : de l’utopie à l’expérimentation », militant associatif intéressé par les questions économiques et écologiques.

Camille Bosquet

Camille Bosquet

Militant pour un revenu inconditionnel depuis plusieurs années, chercheur en sciences sociales, intéressé par beaucoup de choses, sans être passionné de rien

 Alex Teke-Laurent

Militant pour plus de justice sociale et pour le renforcement des minima sociaux. S’intéresse notamment aux enjeux de mutations du travail, législatifs et politiques.

Nicole Teke-Laurent

Co-autrice de l’ouvrage “Pour un revenu de base universel : vers une société du choix” (Editions du Détour). Prépare actuellement une thèse en sociologie du travail sur les thématiques du care et de l’économie de plateformes numériques de travail.